Les yaourts traditionnels à travers le monde

Vous connaissez certainement le yaourt classique que l’on trouve au supermarché, mais connaissez-vous le viili, le skyr, le matsoni ou le filmjölk?

Il existe des centaines de yaourts traditionnels à travers le monde, dont les origines varient autant que les textures et les saveurs.

Découvrez-en plus sur les yaourts traditionnels des terroirs du monde entier, du traditionnel yaourt de supermarché au yaourt nordique, qui fermente à température ambiante!

D’où vient le yaourt?

Selon certains historiens, le yaourt existe depuis plus de 10 000 ans. Les premiers laits fermentés sont apparus avec la domestication des animaux producteurs de lait.

Sans réfrigération, la seule façon de conserver le lait était de le faire fermenter!

Le lait cru était versé dans des outres, où sa flore microbienne naturelle se mettait à l’œuvre.

Les microorganismes créaient de l’acide lactique, qui acidifiait et épaississait le lait, le protégeant ainsi des microbes dangereux.

Toutefois, les fermentations spontanées ne donnent pas toujours de bons résultats.

La fermentation dépend des microorganismes présents à ce moment-là, et peut donc être très aléatoire.

Yaourt traditionnel bulgare

Avec le temps, les populations ont voulu reproduire les «bons» résultats.

En reprenant un peu de yaourt réussi d’une précédente recette, on peut ensemencer du nouveau lait avec le mélange gagnant de microorganismes, et ainsi reproduire le même yaourt.

Cette technique a permis de perpétuer de nombreuses cultures de yaourt, partout à travers le monde, pour qu’elles nous parviennent aujourd’hui.

Les yaourts et le terroir

Les souches de yaourts sont intimement liées à leur terroir et territoire d’origine.

Les microorganismes présents dans une culture de yaourt varient selon le climat, le lait utilisé, la race de l’animal qui a produit le lait, etc.

Ainsi, les yaourts provenant du Moyen-Orient doivent fermenter à de plus hautes températures (environ 40°C). Les bactéries utilisées sont habituées à des climats plus chauds!

On qualifie ces yaourts de «thermophiles», c’est-à-dire «qui aiment la chaleur».

Quant aux yaourts des pays nordiques, ils contiennent des bactéries habituées à fermenter à température pièce. Il suffit de mélanger du lait et un peu de yaourt d’une précédente recette, et de laisser reposer sur le comptoir. C’est tout!

On qualifie ces yaourts de «mésophiles», puisqu’ils fermentent à température modérée, ou température pièce.

À lire: Comment faire des yaourts traditionnels mésophiles

Culture traditionnelle contre culture industrielle

À partir du 19ᵉ siècle, l’industrie alimentaire a voulu produire des yaourts à grande échelle.

Le problème, c’est que le goût et la texture des yaourts traditionnels varient selon la température ambiante, la saison, le lait utilisé, etc.

Ce manque de consistance rend la commercialisation difficile.

L’industrie a donc sélectionné certaines bactéries précises dans les yaourts, pour ensuite les multiplier en laboratoire.

Les souches de yaourt du commerce donnent des résultats constants et égaux.

Toutefois, ces souches n’ont pas la diversité de microorganismes des yaourts traditionnels.

Les cultures de laboratoires ne peuvent donc pas se reproduire à l’infini et traverser les époques.

Les yaourts à travers le monde

Le bien-aimé yaourt classique

Le yaourt, ou yaourt, est le lait fermenté le plus populaire au monde.

Il viendrait du Moyen-Orient, où les températures chaudes faisaient fermenter le lait rapidement.

D’ailleurs, le mot «yaourt» vient du mot turc yoğurt, qui signifie «qui épaissit» ou «qui caille».

La Bulgarie et la région des Balkans sont considérées comme le berceau du yaourt. Encore aujourd’hui, des cultures traditionnelles de yaourt bulgare sont transmises de génération en génération.

C’est aussi là que les bactéries propres au yaourt, Lactobacillus bulgaricus et Streptococcus thermophilus, ont été identifiées.

Si elles ne sont pas présentes dans un lait fermenté, ce dernier ne peut pas, officiellement, être considéré comme un yaourt!

Si, de nos jours, la plupart des yaourts sont faits à partir de cultures bactériennes préparées en laboratoire, il existe plusieurs variantes.

Par exemple, le yaourt grec est un yaourt égoutté et concentré. D’autres cultures peuvent être enrichies en probiotiques.

À lire: Le guide complet pour réussir son yaourt maison

Skyr crémeux moderne dans un bol

L’onctueux skyr

Le skyr est un lait fermenté à mi-chemin entre le fromage frais et le yaourt. Originaire d’Islande, il y est consommé depuis le 9ᵉ siècle.

Il est d’ailleurs mentionné dans d’épiques sagas médiévales nordiques. Le skyr y est décrit comme un aliment de tous les jours, et comme la nourriture du peuple. Il est même servi au héros Egil.

À l’origine, le skyr était préparé à base de lait fermenté qu’on faisait cailler avec de la présure.

Il était ensuite égoutté jusqu’à l’obtention d’un fromage frais, épais et légèrement grumeleux.

De nos jours, plusieurs producteurs utilisent seulement des cultures bactériennes, ce qui donne une consistance très lisse au skyr.

Comme le yaourt, le skyr est thermophile et doit être chauffé et fermenté à une température plus élevée (environ 40°C).

Après la fermentation, le skyr est égoutté pour donner un yaourt concentré en protéines et extrêmement onctueux. Son goût et sa texture rappellent le yaourt grec.

L’agréable matsoni

Le matsoni, aussi appelé matzoon ou yaourt de la mer Caspienne, est un yaourt traditionnel originaire de la région du Caucase, en Géorgie. Il y est consommé depuis le 11ᵉ siècle.

Son goût est doux, légèrement acidulé, avec des notes délicates de miel. Il ressemble beaucoup au yaourt classique, mais en plus lisse et légèrement plus gluant.

Un de ses grands avantages est qu’il fermente à température ambiante (mésophile, donc).

Dans la cuisine arménienne, on laisse fermenter le matsoni plus longtemps pour lui donner une jolie saveur acidulée. Ensuite, on l’égoutte pour donner un fromage frais, le kamat matzoon, qui ressemble au fromage de kéfir.

Le matsoni est aussi utilisé dans des gâteaux, ou consommé tel quel.

Le filant viili

Le viili est un yaourt très doux originaire de Suède, mais extrêmement consommé en Finlande.

Il fermente à température pièce (comme les autres yaourts nordiques mésophiles), très facilement. Sa principale caractéristique est sa consistance filante, quasiment gluante!

Viili traditionnel qui s’étire d’une cuillère

Cette culture traditionnelle de yaourt contient des bactéries lactiques et des levures.

Sa texture particulière est due au viilian, de longues molécules créées par les bactéries lors de la fermentation.

Ces longues chaînes de glucides donnent une texture visqueuse au viili.

Le viili s’est répandu à travers le monde grâce aux immigrants finlandais. Avant de quitter leur pays d’origine, ils trempaient un morceau de tissu dans le viili, et le faisaient sécher.

Une fois arrivés à destination, ils laissaient tremper le tissu dans du lait frais afin d’obtenir à nouveau leur précieux viili. Une belle façon de préserver et de perpétuer leur culture!

Le délicieux filmjölk

Le filmjölk est un lait fermenté originaire de Suède. On le consomme dans les pays nordiques depuis le 18ᵉ siècle.

À l’ère des Vikings, le lait fermenté était d’ailleurs considéré comme un excellent fortifiant. Encore de nos jours, un Suédois consomme en moyenne 10kg de filmjölk par an!

Selon sa consistance, on peut soit le manger à la cuillère, soit le boire. Il a un goût légèrement plus acide que le viili, mais plus doux que d’autres yaourts.

Le filmjölk se démarque par ses arômes de beurre et son goût légèrement fromagé. Il est délicieux au petit-déjeuner, avec des céréales muesli ou du granola.

Comme les autres yaourts mésophiles, il se fermente à température ambiante, sans yaourtière.

Le versatile piimä

Le piimä est aussi originaire des pays nordiques, plus particulièrement de Finlande.

Plus liquide que d’autres laits fermentés, le piimä est un yaourt à boire délicat, avec des arômes fromagés qui rappellent le babeurre.

Il fait penser au kéfir de lait, mais en plus doux.

Piima à boire

Sa texture et son goût en font un allié en cuisine, où il remplace la crème fraîche et le babeurre.

Il se prête aux vinaigrettes crémeuses, à la pâtisserie (crêpes, gâteaux) ou pour ajouter de l’onctuosité dans les soupes comme le bortsch.

Et tous les autres…

Il serait bien difficile de nommer tous les yaourts et laits fermentés! Le koumiss, le kéfir de lait, le laban, le quark et tous les autres laits fermentés ont accompagné et nourri les populations à travers les époques.

En faisant fermenter toutes ces cultures de yaourt traditionnelles, on contribue à perpétuer ces cultures et ces traditions à travers les siècles. Il y a bien plus à découvrir que les yaourts industriels!

En plus, les yaourts traditionnels sont délicieux et faciles à faire à la maison!

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